La crise des drogues pousse Portland à redémarrer le gouvernement de la ville

Dans un signe d'espoir ou de désespoir, les électeurs de Portland ont décidé de rejeter entièrement leur structure gouvernementale et de la remplacer par un maire plus faible, un conseil municipal élargi et un vote à choix classé.

Un facteur majeur a été l'adoption de la "Mesure 110" décriminalisant toutes les drogues en 2020, soutenue par 74 % des résidents du comté de Multnomah. Les électeurs ne pouvaient pas - ou du moins n'ont pas pu - anticiper comment ce changement de politique remodelerait une ville déjà à court d'argent, confrontée à une crise de santé publique et à une augmentation des taux de sans-abrisme et d'abus de fentanyl.

La consommation de drogues a augmenté, le sans-abrisme s'est aggravé et les contribuables ont fui.

"La rhétorique politique en 2020-2021 dans la ville de Portland était incroyablement idéologique", a déclaré Gonzalez, expliquant qu'il y avait une "conversation par défaut" sur des sujets comme le sans-abrisme ou la réforme de la police qui fermait tout échange d'idées.

La course au conseil municipal, quant à elle, est un chaos. Portland passe de quatre sièges à douze sièges représentant quatre districts. Les dizaines de candidats incluent des leaders de Black Lives Matter, des défenseu…  rs d'organisations à but non lucratif, des propriétaires d'entreprises et des policiers.

Il y a 19 personnes en lice pour le poste de maire et 98 personnes cherchant des sièges au conseil municipal. Ils font presque tous campagne sur des plateformes de gauche - c'est Portland.

Les fermetures liées à la pandémie, les manifestations, les taux de criminalité élevés et l'augmentation du sans-abrisme ont secoué de nombreuses villes libérales ces dernières années, y compris San Francisco et Minneapolis. Mais les choix politiques faits par la ville et l'État ont aggravé leur impact à Portland.

Les conséquences sont mesurables : près de 12 000 personnes ont quitté le comté de Multnomah entre 2020 et 2023, selon les données de l'Université d'État de Portland. L'exode entre 2020 et 2021 seul a fait sortir près de 1,1 milliard de dollars de revenus imposables de la ville, selon les données analysées par l'Economic Innovation Group. Le centre-ville autrefois animé de Portland est presque vide, et une réputation nationale négative obscurcit son avenir économique.

La décriminalisation des drogues et les règles de camping ouvertes de la ville ont aggravé le sentiment d'insécurité. Les campements de sans-abri se sont répandus dans les espaces publics vides et ont rempli les trottoirs pendant le confinement, et certains sont devenus des épicentres du commerce du fentanyl. Même les Portlandais qui ont voté pour la décriminalisation et qui croient en une approche compatissante du sans-abrisme ne se sentaient pas en sécurité dans leurs propres quartiers.